Concurrence entre compagnies de la sous-région : « Ma compétition n’est pas africaine, elle est intercontinentale » (Ibrahima Kane, DG Air Sénégal)

Publié le 4 Avr, 2021

Dans son plan de relance en ces débuts de reprise avec la pandémie du covid-19, Air Sénégal a décidé de lancer une nouvelle ligne sur Dakar-Cotonou-Douala-Libreville dont le premier vol a été effectué le 29 mars dernier. A bord du A321 qui a opéré ce service, il y avait aussi des journalistes dont un confrère du journal sénégalais L’Observateur qui a eu un entretien avec le directeur général de la compagnie publié le 01er avril. Ibrahima Kane est revenu sur plusieurs questions comme le plan de relance, l’appui de l’Etat pour faire face à l’impact du covid, la flotte de la compagnie ou la concurrence sur ce marché de l’Afrique centrale.

Sur le dernier point, monsieur Kane explique d’abord « qu’au moment de faire ce plan de relance, nous commençons par les lignes qui sont supposées pouvoir être encore résilientes pendant cette phase ou le Covid-19 va continuer à impacter la compagnie ». Mais sa conviction est que la concurrence n’a pas de place entre les transporteurs de la région comme Air Sénégal, Air Côte d’Ivoire, Asky ou Camair co.

« Lorsque je regarde un marché comme la France, c’est 600 000 passagers par an. Un marché comme la Côte-d’Ivoire, c’est 90 000 passagers par an. Ma compétition n’est pas africaine. Elle est intercontinentale. Quand on regarde le volume de trafic en Afrique, le challenge, ce n’est pas de prendre des parts de marché, c’est d’augmenter le volume. Quand on regarde le marché en Europe, le challenge c’est de prendre des parts de marché. Donc, ça nous positionne et nous aujourd’hui, en termes de discussions et d’interactions avec nos homologues africains, nous sommes beaucoup plus orientés vers la collaboration pour augmenter le volume de trafic. Si on se met dans le monde de compétition, on va se partager des miettes. Parce que 90 000 passagers, comparé à un marché français de 600 000 passagers, avec un coût du billet beaucoup plus important, comparé à un marché italien de 100 000 passagers, c’est vraiment se tromper de territoire de compétition », détaille le directeur général d’Air Sénégal qui dit penser en financier.

Pour Ibrahima Kane, « on peut aller en compétition ailleurs, mais chez nous, nous devons élargir le marché ». Sur les lignes de la sous-région comme au niveau domestique, le travail pour lui consiste à élargir le marché. « Dans le domestique nous avons la conviction que nous sommes dans une zone avec un potentiel de transport qui peut être multiplié par 4, 5 ou 6. Il s’agit de convaincre les Sénégalais, par exemple, qu’il n’est pas moins cher de prendre la route pour aller à Ziguinchor que de prendre l’avion. Vu le temps que ça prend, vu le confort qu’on peut avoir. Il s’agit de convaincre un ensemble de populations que l’aérien s’est démocratisé aujourd’hui. Ce n’est plus une affaire d’élites. Ça, c’est le défi de toutes les compagnies africaines et que nous devons relever ensemble. C’est vraiment ce défi-là qui est le cœur de notre bataille, lorsqu’on va parler de l’Afrique de l’Ouest de proximité. »

Sur les opportunités des marchés africains, monsieur Kane fait remarquer que « ces marchés sont essentiellement constitués de résidents et de la diaspora. La part business et loisir qui est aujourd’hui dans le marché est très petite. On espère la développer, mais en contrepartie. Ce n’est pas être petits qui fait la résilience de nos marchés africains, parce que les gens, quand ils ont de la famille, continuent à se déplacer. Quand ils doivent aller faire leurs études, ils continuent également à se déplacer. C’est cette opportunité que présente le marché africain. » 

Pour l’impact de la pandémie sur le transporteur sénégalais, le directeur général soutient qu’« en 2019, nous avions transporté 398 830 passagers contre 294 470 en 2020. Je préfère parler d’impact plutôt que de pertes. A la fin de l’année, on espère qu’on aura un début de rebond qui ne va pas nous permettre de retrouver les pertes de 2019, mais qui va nous permettre de redémarrer le plan de développement de la compagnie aérienne. »

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