Feu vert de Bruxelles pour sa recapitalisation : Air France pourrait être contrainte d’abandonner des créneaux à Orly

Publié le 3 Fév, 2021

Lors de sa recapitalisation en juin dernier, la compagnie Lufthansa avait été obligée par la Commission européenne de céder des créneaux horaires dans plusieurs aéroports. Un précédent qui pourrait faire jurisprudence pour Air France.

C’est un énorme coup dur qui pourrait se profiler à l’horizon d’Air France. Pour obtenir le feu vert de Bruxelles pour sa recapitalisation, la compagnie française pourrait être obligée de céder des créneaux horaires à l’aéroport d’Orly et ainsi ouvrir la porte aux compagnies concurrentes, selon La Tribune repris par le Parisien.

Depuis presque un an, le groupe Air France-KLM affirme vouloir présenter une opération de renforcement de ses fonds propres à la prochaine assemblée générale qui doit se tenir en mai prochain.

Avec la crise, la dette du groupe devrait avoisiner les 13 milliards d’euros en 2020. Après les 7 milliards d’aides versées en avril, l’Etat français devrait de nouveau venir au secours d’Air France en 2021 comme l’a déjà affirmé Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie. D’autant qu’Air France envisage pour 2021 une perte d’exploitation de 2 milliards d’euros qui viendrait s’ajouter aux 3,6 milliards déjà perdus l’année dernière.

Reste à savoir quelle forme pourrait prendre cette aide. Pour présenter un bilan passable lors de la prochaine assemblée générale, l’une des solutions est d’augmenter les fonds propres de l’entreprise. Pour faire simple l’idée est de convertir la dette contractée auprès de l’Etat français en fond propre ou bien en obligation perpétuelle. Cela concernerait environ 3 milliards d’euros obtenus par le prêt garanti du premier coup de pouce de l’Etat.

L’avantage de cette solution est de ne pas diluer les parts des autres actionnaires. Ce scénario est privilégié et selon la Tribune, le dossier de la recapitalisation de la compagnie française a été envoyé à la Commission européenne pour validation.

Obligé de céder 7 % des slots à Orly ?

Mais c’est là que le bât blesse. Selon La Tribune, Bruxelles demande à Air France de céder des créneaux horaires de décollage et d’atterrissage à l’aéroport d’Orly, les fameux slots.

En juin dernier, la Commission européenne avait obligé Lufthansa lors d’une opération de recapitalisation de céder 24 slots par jour à la fois à Francfort et à Munich, soit l’équivalent de près de 9 000 créneaux annuels sur chaque aéroport.

S’appuyant sur cette jurisprudence, Bruxelles demanderait sensiblement la même chose à Air France sur l’aéroport d’Orly. Actuellement, Air France détient environ 50 % des 250 000 créneaux de l’aéroport d’Orly. Si Bruxelles obtient gain de cause, Air France pourrait alors restituer près de 7 % de ses slots sur cet aéroport. Un énorme coup dur. D’autant qu’Air France via Transavia entend se relancer dès cet été avec de nouvelles destinations en France.

« Quand tout un secteur traverse une crise majeure et que toutes les compagnies aériennes présentes sur le long-courrier ont été aidées par leur État, qu’elles seraient aujourd’hui mortes sans cela, est-il raisonnable, après avoir accepté ces aides de gêner ensuite les opérateurs, en compromettant leurs chances de se remettre en selle en leur imposant de rendre des créneaux là où elles sont fortes », s’interroge un proche du dossier dans la Tribune.

Pour l’heure, ni la compagnie, ni l’Etat Français n’ont voulu faire le moindre commentaire.

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