La reprise de l’activité dans l’aéronautique est freinée par des perspectives qui restent incertaines pour des fournisseurs fragilisés et par l’augmentation des prix des matières premières, selon le président de l’organisation professionnelle du secteur.
« Le redémarrage s’effectue avec un système sous tension », affirme le président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas), Guillaume Faury, dans un entretien à « L’Usine nouvelle ».
Conséquence d’un trafic aérien mis à l’arrêt, l’industrie aéronautique a baissé drastiquement sa production (- 40 % chez Airbus) et entame une montée en cadence progressive pour préparer l’après-crise.
« Pendant dix-huit mois, les fournisseurs se sont adaptés à un niveau d’activité très faible. Certains ont réduit leurs effectifs […]. Pour eux, la période est complexe car il faut réinvestir et réembaucher avec des perspectives fragiles », explique Guillaume Faury, également président exécutif d’Airbus, rapporte l’AFP.
« Remettre en route les outils de production »
« Il faut aujourd’hui reformer, remettre en route les outils de production. Or, dans le même temps, pour des raisons financières, les stocks ont atteint des niveaux très faibles », détaille-t-il.
D’autant que, comme pour d’autres secteurs, « le redémarrage est ralenti par la rareté d’un certain nombre de ressources », selon lui.
S’il estime que l’industrie aéronautique, avec ses « volumes plus faibles », devrait échapper au risque de pénurie de composants électroniques qui entrave la reprise dans l’industrie automobile, la filière est en revanche « déjà affectée » par l’augmentation du prix des matières premières.
« Tout le système est en train de se tendre dans cette phase de redémarrage économique, qui s’effectue à une vitesse inhabituelle », ajoute le responsable.
« Cette pandémie nous a aussi rappelé que beaucoup d’événements restent imprévisibles. Le Covid n’était dans aucun scénario d’anticipation avant son apparition. C’est un bel enseignement. Il faut structurer le secteur pour qu’il soit toujours plus résilient, et non pas viser à l’optimiser sur un modèle de fonctionnement parfait. Le monde dans lequel nous vivons étant de plus en plus interconnecté, les crises deviennent vite systémiques. Je pense aussi que le système financier a tenu grâce aux enseignements de la crise de 2008-2009, ce qui a été important pour nous car une partie du maintien des livraisons d’avions a été rendue possible par sa solidité » , commente Guillaume Faury.
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