Opinion : Compagnies aériennes nationales, ces difficultés de réussir qui ne font qu’ajouter à la nécessité d’entreprendre

Publié le 20 Avr, 2021

Aujourd’hui, la viabilité des pavillons nationaux sous nos cieux est encore perçue par le plus grand nombre, comme un objectif impossible à atteindre, mieux encore, comme un gâchis de fonds et de temps, une appréciation qui n’est, cependant, guère fortuite.

Il est avéré que la plupart des États de l’Afrique de l’Ouest et du Centre en sont à leur énième tentative et l’une des principales causes de cette crise me semble-t-il, est due au fait que depuis leur accession à la souveraineté internationale ces États avaient choisi de déléguer la gestion de leur industrie du transport aérien aux deux organismes inter-gouvernementaux que sont la multinationale AIR AFRIQUE sous la tutelle du Sommet des chefs d’États membres et l’ASECNA sous la tutelle du Comité des ministres chargés de l’aviation civile des États membres.

La disparition brutale de la Compagnie multinationale Air Afrique, nationale dans chaque État membre, échafaudage sur lequel était dressé le cœur du système aérien, a mis à nu les carences et a exposé la fragilité des transporteurs locaux impréparés à prendre la relève et incapables finalement d’accomplir correctement leur mission. Certains ont été délaissés à leur sort.

Cependant cela ne doit pas être une fatalité, car le monde entre-temps a changé, les économies se mondialisent, les pays s’émancipent, l’intégration des peuples devient une nécessité et la mobilité, un besoin vital.

Dans le contexte de la pandémie, partout à travers le monde, nous avons assisté des États à appuyer leurs compagnies nationales à coup de centaines de Milliards de francs pour les préserver d’une disparition car elles sont une nécessité et soutiennent leurs économies. Elles constituent de véritables actifs de souveraineté.

Tout État a besoin de l’aviation car l’aviation soutient l’économie. Quand on réduit la capacité des connexions, on réduit du coup les capacités de l’économie et dans cette crise de pandémie de covid-19, les faits ont montré que c’est plus l’arrêt des connexions et des échanges à travers le transport aérien qui a engendré l’effondrement de l’économie mondiale qui ne saurait repartir sans le retour de la connectivité donc l’aviation.

Ce qui démontre le lien direct et fondamental entre l’économie et l’aviation. L’espace économique mondial repose sur des mouvements massifs de personnes et marchandises et de toute évidence, tout processus de mondialisation s’accompagne d’une croissance du transport aérien. C’est aujourd’hui, la donne !

La nécessité de réussir doit laisser la place au pessimisme ambiant. Suivre sans relâche le but de réussir sa compagnie nationale par des efforts constants, voilà le secret du succès.

On dit que l’échec est le fondement de la réussite, ou encore que la difficulté de réussir ne fait qu’ajouter à la nécessité d’entreprendre, c’est pourquoi, accompagner la poursuite des politiques publiques dans la voie de l’érection de compagnies aériennes nationales viables, véritables outils d’ouverture, d’accessibilité, d’attractivité et de compétitivité semble être un devoir sacré pour tout citoyen et patriote de surcroît.

Le succès d’une compagnie nationale s’inscrit toujours sur le long terme, avec des coûts fixes sur le court terme : Egyptair créée en 1932, South African Airways en 1934, Ethiopian Airlines en 1945 par le Négus Hailé Sélassié, Royal Air Maroc en 1957 par les Autorités Chérifiennes, Kenya Airways en 1977, constituent les majors de l’Afrique ; en Europe, KLM créée le 7 octobre 1919 reste la plus ancienne du continent.

Les paramètres de viabilité consistent pour l’État, à valoriser davantage la contribution du pavillon national dans l’économie nationale, en dotant le secteur d’infrastructures adéquates pour soutenir son essor et par une affectation de ressources suffisantes pour assurer sa croissance ; ces conditions semblent être remplies pour l’heure, à travers une compagnie correctement capitalisée et bien équipée par des A339 et A220 à venir, une infrastructure aéroportuaire aux normes et standards internationaux, un espace aérien rationalisé…

Pour la compagnie, rester attentif à l’essentiel des courants économiques et culturels des États de la sous-région pour en déduire les marchés qui permettent l’établissement de programmes de vol réalistes et rentables, susciter la demande touristique par des vols package transport-séjour, ou transport-évènementiel…

L’acquisition d’équipements dotés d’un haut niveau de technologie, de sécurité et de confort permettant au plan opérationnel et énergétique de réduire fortement la consommation en carburant et de réaliser ainsi des économies financières substantielles pour assurer sa compétitivité sur le long terme, des choix éclairés sur les équipements tels des EA339 ou A220 permettant d’aller à la conquête de nouveaux marchés dans ce monde de compétition grâce à la maîtrise de son offre de capacité et à la réduction de ses coûts opérationnels et donc de ses tarifs pour engranger à chaque vol, un point supplémentaire dans la satisfaction du client et donc, dans sa fidélisation et pour le personnel, être de véritables ambassadeurs pour illustrer la vitrine du Sénégal, une vitrine qui se doit d’être le reflet sincère de sa beauté, de son hospitalité, de sa culture, de sa Téranga, mais aussi, de sa stabilité économique, politique et sociale restent également un gage de viabilité.

Sans nul doute, ces petits transporteurs d’aujourd’hui sont sur la voie de devenir les grands de demain, Tous ensemble, à force d’y croire et d’y travailler, car l’aviation est indispensable à une économie comme la nôtre, qui s’inscrit dans la dynamique de l’émergence.

Mamadou Lamine Sow

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