L’ex directrice générale de Tunisair n’a pas eu le temps de dérouler son projet. Karim Elloumi (photo), le président de la Fédération tunisienne des pilotes de ligne et commandant de bord depuis 15 ans chez Tunisair le pense et le regrette dans un entretien avec le magazine La Tribune Afrique. « Pour la première fois, nous avions quelqu’un qui est diplômé, jeune et qui a une expérience internationale. Nous avons cru en Olfa Hamdi. Nous l’avons encouragée, bien qu’encore une fois, beaucoup de gens pensaient qu’il s’agissait d’une nomination politique, qu’elle appartenait à tel ou tel parti et que ce parti l’avait poussée pour éventuellement liquider Tunisair pour le compte de grosses compagnies aériennes comme celles du Golfe ou de Turquie. En tant que pilotes, nous nous sommes dit : donnons-nous de l’espoir, il y a au moins quelqu’un avec qui nous pourrons collaborer. Malheureusement, le voyage a été très court. »
Pour Elloumi Tunisair souffre de la baisse d’activité et de mauvaise gestion. « Chaque PDG qui vient tente de faire quelque chose, mais se retrouve malheureusement confronté à une centrale syndicale puissante qui a ses propres intérêts. C’est une compagnie qui a accumulé les déficits, des bilans négatifs pendant plusieurs années, l’endettement est arrivé à pratiquement 600 millions d’euros. Heureusement que les créanciers sont beaucoup plus des entreprises étatiques (l’OACA qui gère les aéroports, la SNDP qui fournit en kérosène, la caisse de sécurité sociale…). »
Celui qui dirige la fédération depuis 2014 relève que « Tunisair est une entreprise qui fonctionne comme un ministère, en plus dans un pays en développement. Cela explique également la complexité de sa situation. De ce fait, la compagnie n’est pas réactive par rapport à certains marchés » du fait que la compagnie appartient à l’Etat. Qui dit « Etat », dit « lourdeur administrative ».
Mais pour Karim Elloumi, le problème dépasse Tunisair. « Il ne s’agit pas uniquement de Tunisair. Il y a une véritable crise au sein du transport aérien. (…) La politique du transport aérien en Tunisie est floue, il n’y a pas de vision. Le secteur reste donc un peu précaire. »
Ainsi la Fédération tunisienne des pilotes de ligne attend du gouvernement « une vision globale du transport aérien tunisien ». Pour pouvoir exploiter les potentiels de la Tunisie en la matière. « Nous sommes très bien positionnés géographiquement, à trois heures de vol des plus grandes capitales européennes et africaines, nous avons un énorme littoral, on peut contribuer au transport intelligent multimodal. Il y a une possibilité de créer une vision pour le transport aérien tunisien. Et nous, pilotes, voyons qu’il faut aujourd’hui développer différents types de tourisme (médicale, balnéaire, au niveau du désert, …). Par ailleurs, nous pouvons aisément développer en Tunisie un hub pour le cargo. »
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