Le transport aérien profondément affecté par cette crise sanitaire sans précédent, une reprise prévue dans les deux ans à venir…, est en train de repartir. C’est le constat noté aux États-Unis. Ce week-end pascal, les aéroports américains ont enregistré un record de fréquentation.
Selon RFI, quelque 1 500 000 passagers par jour se sont pressés dans les aéroports américains pendant ce long week-end du printemps. En 2020, la pire année que le transport aérien ait connu, aucun expert de l’aérien n’aurait osé parier sur un tel score pour l’année suivante : 1 500 000 par jour, c’est deux fois plus qu’au début de la pandémie et en même temps encore loin du retour à la normale ; en 2019 à la même époque il y avait 40% de voyageurs en plus. Mais c’est un vrai décollage. Les grandes compagnies réactivent leurs équipes. Delta a rappelé lundi ses 1700 pilotes, car ce week-end, elle a dû annuler une centaine de vols, faute de pilote dans l’avion. United prévoit d’en recruter 300 nouveaux, convaincue qu’une nouvelle ère de croissance est devant elle.
Ces compagnies ne renouent pas encore avec les bénéfices
C’est une question de mois d’après le cabinet Oliver Wyman qui vient de publier un rapport prédisant le retour à la normale en 2022 pour les vols domestiques, occupés surtout par la clientèle des particuliers. En revanche, les secteurs du tourisme d’affaire et de l’international sont encore sinistrés. Leur renaissance n’aura sans doute pas lieu avant 2023. Or ce sont les deux créneaux les plus rentables pour les grandes compagnies. Avant la pandémie, le tourisme d’affaires générait la moitié du bénéfice des transporteurs américains, environ un tiers de leurs revenus. Les compagnies devront donc adapter leur offre. Certaines compagnies ont commencé à revoir leur modèle économique pour mieux servir cette clientèle hyper sensible au prix.
La vaccination a accéléré le rebond de l’aérien
C’est le sésame. Le Covid-19 n’est plus une contrainte pour les quelques 20% d’Américains aujourd’hui vaccinés et cela leur donne la bougeotte. Ils ont hâte de revoir leurs familles, les étudiants de vivre le spring break, la coupure du printemps. Toutefois, la prudence demeure. Sur les vols, les masques sont toujours obligatoires. Enfin, les autorités sanitaires modèrent cet élan et estiment que les voyages sont toujours contre-indiqués avec la nouvelle vague de coronavirus. Ces instructions vont sans doute freiner la reprise. Au Royaume Uni par exemple, le gouvernement déconfine tout en déconseillant vivement les vacances estivales à l’étranger.
Ce triomphe du local donne aussi des ailes à des nouveaux venus En Europe comme en Asie ou en Amérique, de nouvelles compagnies se lancent sur le créneau des vols à bas coût. En Norvège, la société Flyr veut ouvrir six destinations à partir du mois de juin. En Italie, EGO Airways projette onze nouvelles routes. Aux États-Unis, Breeze Airways se spécialise sur les aéroports peu desservis. Entre le local et le global, l’Indien Flypop veut relier directement le Royaume Uni au Penjab et au Gujarat pour la diaspora. Avec les 6000 avions encore cloués au sol à travers le monde entier, les prix de la location ont chuté de moitié par rapport à 2019. Et il n’a jamais été aussi facile de recruter. Ces nouveaux venus viennent donc défier des compagnies éreintées par la crise, qui devront sans doute procéder à un moment ou à un autre à de lourdes restructurations pour se désendetter et survivre sans le soutien des États.
En bref
Jeff Bezos, le patron d’Amazon, se dit favorable à la hausse de l’impôt sur les sociétés. L’homme le plus riche du monde selon le classement Forbes, souvent accusé de ne pas payer suffisamment de taxes aux États-Unis, s’est prononcé hier en faveur de la réforme proposée par Joe Biden. Aux États-Unis, l’impôt sur les sociétés est aujourd’hui de 21%, il devrait remonter à 28%. Avec les ristournes proposées par les États, la plateforme n’a été imposée qu’à hauteur de 9% l’an dernier.
0 commentaires